Reportage à l'Observatoire du Pic de Midi de Bigorre

En arrivant sur la plate-forme centrale, on est tout de suite impressionné par l’étendue de l’espace qui est alloué aux visiteurs. Dès notre arrivée, histoire de faire le touriste, on ne résiste pas à aller voir la passerelle transparente qui surplombe un vide de plus de 1000m (les sujets aux vertiges auront très vite fait leur choix en restant sagement sur le plancher des vaches).


Pour revenir à notre arrivée sur la plate-forme, un premier télescope de 60 cm nous attend sous sa coupole dénommée T60. Il est destiné aux astronomes amateurs qui y viennent nombreux faire des observations et participent en tant que bénévoles à l’accueil des visiteurs. Ils y assument aussi différentes démonstrations autour des appareils mis à la disposition du public. Ils nous guident également en soirée pour nous présenter les objets du ciel (planètes, galaxies ...) sans oublier de localiser la position de l’étoile polaire !

Un peu plus loin la coupole du télescope de 106 cm est uniquement réservée aux chercheurs pour le suivi du système solaire.

Dans l’après-midi il nous est possible d’admirer diverses coupoles, certaines ouvertes, d’autres restant désespérément fermées ! La première, un peu déroutante, est la coupole tourelle très ingénieuse . Baptisée lunette Jean Rösch du nom de son créateur.
Elle possède un système qui permet à sa lunette de 50 cm de réduire les temps de montée en température entre l’extérieur et l’intérieur de la coupole (ce qui perturbe l’image) de suivre la granulation de la surface du soleil pratiquement de façon continue. La vue ci-contre montre la forme de cette tourelle avec en pointillé rouge , comment s’inscrit la lunette dans le tube d’ouverture.

Une autre coupole abrite le coronographe (invention de M. Bernard LYOT) qui permet d’étudier en permanence la couronne solaire comme on le ferait lors d’une éclipse de soleil.
Dans cette même coupole le nouvel instrument Climso permet de suivre les structures froides de la couronne solaire à l’aide d’un spectroscope à la fois traditionnel dans les composantes hydrogène (H-alpha) mais aussi dans l’infrarouge proche en hélium (He I) + le fer (Fe XIII) et le calcium (Ca IIK) en proche ultraviolet.

En milieu ou fin de soirée, lorsque le ciel est clair, la coupole Charvin est mise à la disposition des visiteurs . Grâce à son télescope 400 mm Schmidt-Cassegrain il nous a été possible de voir Jupiter et ses 4 lunes galiléennes, ainsi que Saturne...
Manque de chance ce soir, la nébulosité présente ne nous a pas permi de voir la division de Cassini dans les anneaux de Saturne !

Mais le nec plus ultra est de passer la nuit là haut. Bien sur, il fait un peu frais, mais un lever de soleil vu d'ici n'a pas de prix ! Manque de chance pour nous, le ciel était couvert ce soir là ! Nous fumes dédommagés par la visite du télescope Bernard Lyot TBL, un bel objet aux mensurations intéressantes : diamètre plus de 2m et une masse dans les 60 tonnes !
Tout d’abord pas question de jeter un coup d’œil dans l’oculaire : il n’y en a pas ! Cet instrument dispose de caméras à haute résolution pour l’imagerie et d’un transfert de lumière par fibre optique jusqu’à une salle d’analyse (banc d’optique) dont l’accès est interdit au public. Dans cette salle un système complexe : un spectropolarimètre pour analyser à la fois le spectre lumineux du soleil ou d’étoiles lointaines pour des mesures comparatives ainsi que la polarisation de chaque bande spectrale de la lumière reçue. Tout cet ensemble appelé NARVAL est la réplique de ESPADON installé au Télescope Canada-France-Hawaii (CFHT). Travaillant en synchronisme ils permettent un suivi continu de l’évolution des champs magnétiques des étoiles lointaines en comparaison avec le soleil.
Depuis l’automne 2006, et l’installation de l’instrument NARVAL, intégralement dédié à l’étude du magnétisme des étoiles, le TBL est devenu dès lors le premier observatoire au monde dédié à l’étude du magnétisme des étoiles. En particulier une recherche est menée sur la géométrie du soleil pour déterminer l’impact de son aplatissement en rapport avec ses conditions physiques internes.
Selon les astrophysiciens, les champs magnétiques sont des éléments essentiels dans la vie des étoiles révélant leur histoire passée et leur évolution future. On pense que ce serait le même cas pour le soleil par exemple dans l’explication de la période glaciaire de Maunder pendant le règne de Louis XIV.
Ça ne nous rajeunit pas !